Cybersécurité : extension du domaine de la lutte - Politique étrangère 2018/2 (Été) IFRI

in #cybersecurity6 years ago

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"Cybersécurité : extension du domaine de la lutte
Inde : une résistible ascension
Politique étrangère
2018/2 (Été)
Cybersécurité : extension du domaine de la lutte
Inde : une résistible ascension

Pages : 244
Éditeur : Institut français des relations internationales (IFRI)
Numéros antérieurs disponibles sur www.persee.fr
ISBN : 9782365678155
ISBN version en ligne : 9782365678162
ISSN : 0032-342X 

La puissance est de retour, après l’illusion d’un monde qui s’aimerait,
d’un monde sans vrai conflit. Le jeu du différentiel des forces au
service
de l’affirmation des intérêts réapparaît, plus nu, là où il fut
toujours : au coeur des relations entre communautés humaines, des relations
internationales. Ce numéro de Politique étrangère explique pourtant
que ce « retour de la puissance » – qui n’en est pas un : c’est notre perception
des choses qui nous égarait – revêt des formes variées, et inédites.
Elément-phare de cet inédit : le cyber. Il est le témoin premier de notre
modernité, avec ce qu’elle implique de force (l’ouverture d’un monde
neuf), de faiblesse (l’installation de nouveaux champs de vulnérabilité),
d’inconnu (le saut vers l’avenir). Moderne, le cyber est de toute évidence
un élément géopolitique en ce qu’il est créateur de puissance, en ce qu’il
façonne de manière particulière les rapports entre acteurs du jeu international.
Mais en même temps qu’il concourt à redéfinir ces relations, le
cyber les désorganise, les détruit : tant il est vrai que ses acteurs ne sont
plus seulement les acteurs classiques de l’international, et tant les moyens
d’action dans le champ cyber sont divers.
Face à un effet de mode massif, aux obsessions qui tournent
autour de la cyberguerre, de la cyberdéfense, de la cybersécurité, des
cyber-commandements
etc., la logique stratégique – que tente de suivre
ce numéro de Politique étrangère – suggère quelques questions. En quoi,
tout d’abord, les pratiques cyber sont-elles susceptibles de menacer notre
sécurité
? La difficulté est ici que l’inventaire – par définition évolutif – est
difficile à photographier : il va de l’attaque directe, frontale, sur les systèmes
à la nuisance grave sur l’immatériel (opinions…), en passant par les
effets non voulus, non maîtrisés…
Deuxième question : qui dit menace dit acteur ; quels sont donc les
acteurs ? En stratégie, le problème premier est l’identification de l’adversaire.
Il est ici particulièrement complexe à résoudre, techniquement et
sociologiquement. La traçabilité de l’agression est souvent impossible. Et
le nombre des coupables potentiels très large – États, entreprises, groupes
compétiteurs ou mafieux, individus – : le pouvoir de nuisance ne se réduit
plus aux acteurs politiques traditionnels, n’est plus proportionnel à leur
classique hiérarchie.
Troisième question : quelle réponse opposer aux menaces si elles peuvent
être identifiées, aux actes s’ils adviennent ? Autrement dit, comment faire
fonctionner dans ce contexte particulier les fonctions classiques de dissuasion,
de protection, de défense et de réponse ? Sans que les modes d’être
ouverts des démocraties s’en trouvent mis en cause ?

Enfin, une régulation est-elle possible – autrement dit : cette méthode
de l’organisation internationale qui consiste à limiter les dommages potentiels
des rivalités et oppositions par la négociation peut-elle fonctionner
dans le domaine cyber, et entre qui ?
C’est tout un champ stratégique qui vient de s’ouvrir et qu’il s’agit de
comprendre. On s’interroge dans ce numéro sur les acteurs de la cybersécurité
(sa « géopolitique »), sur la stratégie française de cybersécurité, sur
le rôle et les limites du droit international au service d’une éventuelle régulation,
sur le conflit entre protection des données individuelles et mesures
collectives de cybersécurité. Bien en deçà d’une syntaxe ou d’une grammaire
susceptibles de dessiner un échange stratégique stabilisé, il s’agit de
se mesurer à la célèbre interrogation de Foch : « De quoi s’agit-il ? »


Les chocs géopolitiques se traduisent par des actes, mais ils sont d’abord
des oppositions de visions, et ce numéro en donne quelques exemples. On
ignore largement à l’ouest de l’Europe l’Initiative des Trois mers (Baltique,
Adriatique, mer Noire), qui réunit 12 pays d’Europe centrale membres de
l’Union européenne, autour d’une logique de coopération Nord-Sud. Elle
est l’héritière d’anciennes représentations d’un espace stratégique particulier,
et pourrait, au-delà de projets économiques (transports, énergie…),
par sa combinaison de forces régionales, et des relations particulières avec
Washington, dessiner de nouveaux rapports à l’intérieur même de l’Union
européenne. Jusqu’où peut aller le rêve de spécification, ou d’émancipation,
de l’Europe centrale ? Très symbolique à cet égard, cette Initiative des
Trois mers mérite toute notre attention.
Ces mêmes visions propres à tout acteur international se retrouvent
dans la conception qu’ont les États-Unis de leur position vis-à-vis
de l’Arctique : objet jusqu’à présent d’une sorte de benign neglect, cet
Arctique est de plus en plus vu à Washington comme un enjeu important,
justifiant le réinvestissement du pays dans les processus politiques
et juridiques qui tentent d’organiser la cohabitation des puissances dans
la région. Quant à la Chine, l’interrogation reste ouverte sur la manière
dont elle se voit dans le monde : de plus en plus comme un acteur global,
certes, comme en témoignent la stratégie des Nouvelles routes de la soie
et la diplomatie de Xi Jinping. Mais, à travers l’exemple de la politique
énergétique du pays, quelle image se dessine ? Celle d’un acteur jouant
le jeu des institutions internationales, ou d’un acteur cherchant à les

Le Contrechamps de ce numéro est consacré à l’Inde, grand impensé des
recompositions géopolitiques actuelles. Non que l’on puisse ignorer son
poids démographique, sa dynamique économique, ou ses orientations
diplomatiques. Mais parce que sa place ne semble pas encore stabilisée
dans la vision de ses possibles grands partenaires. Delhi s’installe pourtant
dans ce monde neuf, redéfinissant ses axes stratégiques, ses proximités
politiques, ses aires d’intérêt et de solidarité. Elle le fait assez lentement,
plus discrètement que son voisin chinois, dans un style propre qui dépend
aussi de la complexité de sa construction nationale, et de son système politique,
bref des problèmes qu’elle a à résoudre en interne ou à ses frontières.
Les partenaires s’interrogent : l’Inde pourra-t-elle demain avoir le rôle de
contrepoids – au moins régional – à la Chine, que semblent vouloir lui
attribuer les États-Unis, le Japon, l’Australie, voire l’Union européenne ?
Pour le savoir, il faut suivre les méandres de la diplomatie indienne, mais
aussi observer ce qui se passe à l’intérieur d’un pays qui, au-delà de son
étiquette familière de « plus grande démocratie du monde », garde un
fonctionnement quelque peu mystérieux.
On se gardera, dans ce panorama mondial, de négliger la baroque
expression de la puissance américaine qu’affectionne son actuel président.
Avec cette question encore indécidable : la pratique stratégique et
la diplomatie trumpiennes s’inscrivent-elles, au-delà des foucades, dans
un continuum structuré par les intérêts du pays, assez classiquement
analysés, ou définissent-elles de nouveaux intérêts, de nouveaux choix,
voire une simple technique de négociation au bord du gouffre ? La nomination
des nouveaux secrétaires d’État et conseiller à la Sécurité nationale,
les échéances iranienne et coréenne rendent particulièrement nécessaires
les analyses de ce numéro de Politique étrangère.
politique étrangère

Éditorial
Premières lignes Version HTML Version PDF
Cybersécurité : extension du domaine de la lutte
Julien Nocetti
Page 10 à 13 Introduction
Premières lignes
Julien Nocetti
Page 15 à 27 Géopolitique de la cyber-conflictualité
Résumé Version HTML Version PDF English
Louis Gautier
Page 29 à 42 Cyber : les enjeux pour la défense et la sécurité des Français
Résumé
Aude Géry
Page 43 à 54 Droit international et prolifération des cyberarmes
Résumé
Marilia Maciel-Hibbard
Page 55 à 66 Protection des données personnelles et cyber(in)sécurité "
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