la poésie l'homme neuf
A un certain moment du cauchemar, on n’a même pas l’idée ni l’envie de se réveiller ; on est comme assommé par une horreur abrutissante. On vit l’invivable. On baigne. Il y a un enfermement. Il y a un enfer.
A un certain moment de l’éveil. A un certain moment du cauchemardesque. On ne s’en sort pas.
Alors on est coincé là. Au milieu des choses, la demeure. Et tout s’offre comme de la nécessité brute. Autant de devoirs, non plus des obligations, mais des sortes d’appels à la maintenance. Et l’on s’entretien. Au milieu d’un vibrant, d’un désespérant silence. L’esprit devient matière. On est incarné, comme un arbre est tourmenté par le vent et puis se fige.
Le chien dort. Il y a toujours quelque chose à dire. Lorsqu’il n’y à rien à dire : dire quand même, c’est ne rien dire. L’aveu du vide. La forme trahit l’informe. L’oxymore est l’expression limite du non-duel dans l’esprit occidental. Alors j’en suis réduit à ça. Et à dire ça. Parce que c’est-à-dire. Il faut créer la relation présente dans les racines du vide. De solitude à solitude, de déréliction à déréliction, de nul et non avenu à avenu. Pleion. Ce qui est remplit, ce qui vient ainsi dans ce qui est ainsi, ce qui n’est pas remplit. Allez chercher dans l’évidence de l’étant la vérité de ce qui se manifeste… quel mystère nous enrobe ! quelle surprise que celle de la présence au monde.
Bravo. Je trouve ça vraiment puissant. Par contre, ta fin me laisse sur ma faim. Pourquoi essayer de conclure ? Je sais que c'est toujours fort déplacé d'avoir la prétention d'intervenir dans le travail poétique de quelqu'un d'autre ; mais en même temps, j'espère qu'à travers les échanges, on peut aussi s'enrichir, prendre du recul, etc. Si tu avais terminé ton texte à "Allez chercher dans l'évidence de l'étant la vérité de ce qui se manifeste..." (avec un infinitif plutôt non ? --> "aller" ; ça aurait été plus fort, je pense. Ou alors même, terminer sur "Pleion." Mais bon, le plus important, c'est que c'est ce balancement génial que tu arrives à avoir entre un absolu conceptuel, étrange, et ce réel qui revient tout simplement, avec énormément de beauté, dans "Le chien dort. Il y a toujours quelque chose à dire." Ce va-et-vient entre une pensée riche et complexe et le "retour" de la simplicité, c'est vraiment ce qui m'a enchanté dans ton texte.
Alors merci, et j'espère ne pas faire trop d'ingérence en ayant l'ultime audace de te donner quelques conseils =)