J'adore, j'adore, j'adore :)
C'est si juste ... L'illusion de l'égo est un thème de réflexion qui me "hante" depuis fort longtemps et qui, je crois n’accompagnera encore ... le temps qu'il faudra ;)
J'adore, j'adore, j'adore :)
C'est si juste ... L'illusion de l'égo est un thème de réflexion qui me "hante" depuis fort longtemps et qui, je crois n’accompagnera encore ... le temps qu'il faudra ;)
Merci.
C'est un point important et délicat. On se confronte souvent à l'idée de deux niveaux de réalité différents, présentés par plusieurs enseignants bouddhistes. Un niveau conventionnel et un niveau qui serait plus absolu.
Sur le plan conventionnel, il est évident qu'il y a bien quelqu'un qui s'appelle "X" et qui répond à son nom quand on l'appelle, qui est responsable de ses actes. Dans "la vie de tous les jours", il y a bien quelque chose de l'ordre de l'égo, de l'ordre d'un "je", et pour échanger avec les autres il faut être un peu "quelqu'un".
Sur un plan plus "absolu", ce "quelqu'un", en inter-dépendance totale avec l'ensemble des phénomènes, n'est rien d'autre qu'un concept pratique pour échanger. C'est un ensemble de formations ou agrégats (skandhas) qui n'a pas d'existence autonome. En explorant, grâce à la concentration détendue de la méditation, la nature du soi, on peut ressentir avec beaucoup de clarté cette réalité qui fait que nous ne sommes certainement pas le "moi social", utile d'un point de vue pratique, mais très artificiel au final. Ce détachement vis-à-vis de la sacralisation de l'identité et du "je" se fait nécessairement peu à peu, avec un jeu de balancement, de va et viens, jusqu'à s'approcher d'un équilibre (dans le mahayana, toute la question tourne autour de cet équilibre, de la Voie du Milieu), où l'on dépasse la pensée conventionnelle sans la nier (on ne devient pas un malade mental ne comprenant plus rien des us et coutumes de ses contemporains =) ).
Quoique très simple en réalité, la philosophie bouddhiste (même si c'est un peu caricatural et qu'il y a plusieurs philosophies bouddhistes, pas une seule) est dure à aborder car elle implique un entraînement et un abandon du langage Le langage est fait pour être pratique. On dit : "il y a un chevreuil dans cette direction" et toute la meute part dans "cette direction". Le langage est fait pour zoomer sur un élément, exclure de l'ensemble une chose particulière pour agir dessus, ou s'informer. Il est taillé dés le départ pour être exclusif, excluant. Or, la pensée bouddhiste peut se présenter en une progression en quatre points qui vont à l'encontre de cet usage exclusif pour proposer un usage inclusif qui ne fait sens que vis-à-vis du "niveau de réalité plutôt "absolu"", et qu'on peut résumer ainsi :
1 - J'existe.
2 - Je suis néant (c'est à dire "je n'existe pas", mais pour que le reste soit plus clair, il me fallait une tournure affirmative).
3 - J'existe et je suis néant.
4 - Je n'existe pas et je ne suis pas néant.
1 - niveau conventionnel : je constate qu'il y a quelqu'un qui s'appelle Rémi, qui a telle ou telle caractéristique etc...
2 - niveau, disons, philosophique : je constate que malgré le niveau 1, mes caractéristiques sont éphémères, dépendantes du contexte, et que nulle part, malgré la première intuition du niveau 1, je ne peux trouver quelque chose qui soit "moi".
3 - niveau synthétique : Les deux premiers niveaux ayant été vécus, force est de constater que l'on voit maintenant les choses selon ces deux niveaux à la fois : il est à la fois évident que j'existe et que je m'appelle Rémi, avec telle ou telle caractéristique, et il est à la fois évident que rien de précis et durable n'est identifiable que l'on pourrait qualifier de "moi". Donc, j'existe et je suis néant à fois.
4 - niveau absolu : puisque je viens de ressentir profondément que deux états antinomiques, ne pouvant exister en même temps d'un point de vue logique, existaient en même temps (j'existe et je suis néant), alors cela veut dire que c'est en fait tout autre chose : "je n'existe pas, mais je ne suis pas néant". Ce stade est celui d'une sorte de révolution dans notre façon de voir le réel, le monde, et où les mots sont incapables de nommer. Sensation d'identité avec le Tout, le Cosmos, et en même temps de grande simplicité, de "rien de spécial", aucune sensation de fierté pour la chose accomplie car rien n'a été accompli, c'était déjà comme ça depuis le début. Bref, état indicible !
Tout ça pour nuancer un peu le propos de mon article, et le développer, en cohérence avec la pensée bouddhiste, que j'ai peut-être un peu caricaturée ici, voulant aller vite, et n'ayant pas les "sources" en tête.
Mais niveau sources, c'est énormément tiré de la pensée de Dogen, et de son Shobogenzo.
Quelle générosité dans le propos !
J’apprécie :)
Ça me rejoint énormément...
Je me propose d’aller voir du côté de « la pensée de Dogen » que je ne connais pas du tout ...
Encore merci et à bientôt:)
Je suis allée voir une vidéo sur internet qui présente simplement l'enseignement de la "pensée Dogen".
Ça me rejoint complètement !
C'est le travail d'une vie ... et peut-être plus ;)
Merci à toi @remi-c pour cette découverte inspirante.