Veille sécuritaire S-20-2017 Maghreb / TUNISIE
VEILLE TUNISIE
Semaine du 15 au 21 Mai 2017
L'actualité :
15 mai: découverte d’une cellule takfiriste à Tabarka, dans le gouvernorat de Jendouba, composée de 4 personnes. Les membres de cette cellule ont reconnu avoir adopté l’idéologie de Daech et être en contact avec 2 terroristes tunisiens se trouvant dans des zones de conflit. (R4)
hier, un contrebandier originaire de Ben Guerdane a été blessé par balles après avoir refusé de s’arrêter à un contrôle, à Tataouine. (R2)
démantèlement d’un réseau de trafic de drogues dures et douces dans l’Ariana. 4 personnes ont été interpellées à Borj Louzir et Cité El Ghazela. (R3)
une importante quantité de munitions a été retrouvée enterrée non loin de la maison du gouverneur de Bizerte.
la semaine passée, 90 opérations de contrebande ont été déjouées et des marchandises saisies pour une valeur de plus de 2 millions de dinars. Par ailleurs, 980 individus recherchés ont été arrêtés, dont 11 suspectés d’appartenir à une organisation terroriste. 15 fusils de chasse et des milliers de cartouches ont été saisis.
16 mai: le Président de la République prolonge l’état d’urgence pour un mois, pour prévenir tout risque terroriste.
4 mandats de dépôt ont été émis contre des accusés placés en garde à vue dans l’affaire de l’attaque de Sidi Bouzid.
17 mai: arrestation à l’Ariana, d’un présumé terroriste, en contact avec des jihadistes de Daech en Libye et en Syrie. Le suspect est le frère d’un homme également détenu pour une affaire de terrorisme et condamné à de la prison ferme. (R2)
18 mai: la douane a saisi 17 kg d’or et 300 000 euros dans une voiture libyenne, au niveau de la gare routière Bab Alioua. (R4)
arrestation du chef de poste de la Garde Nationale de Zokra, à Ben Guerdane, qui est accusé d’avoir volé des produits de contrebande pour tenter de les écouler. (R1)
19 mai: démantèlement d’un réseau de trafic de corail, actif entre Tabarka et Tunis. 6 personnes ont été arrêtées et 80kg de corail saisi pour une valeur de 283 000 dinars. (R1)
arrestation à l’aéroport de Tunis Carthage, d’une Tunisienne en possession d’1 kg de cocaïne, qu’elle tentait de faire entrer dans le pays pour l’écouler. (R4)
arrestation à Kébili de 2 extrémistes religieux soupçonnés d’avoir participé à l’organisation d’opérations terroristes. (R2)
2 leaders des jeunes d’Ennahdha auraient été interpellés dans une affaire de terrorisme, pour leurs contacts avec un jihadiste tunisien tué en Syrie. (R4)
19 mai: arrestation dans la zone militaire tampon, entre le 12 et le 19 mai, de 37 migrants, principalement originaires d’Afrique subsaharienne et saisies de tabac et têtes de bétail de contrebande. (R4)
20 mai: arrestation à Kélibia d’un jeune homme qui vendait de la drogue dans son magasin. (R2)
Les habitants de la région du Mont Mghila à Thmed, lancent un appel au secours aux forces de sécurité, après les cambriolages répétés de leurs maisons par des terroristes qui volent leurs provisions. (R4)
arrestation à Menzel Bourguiba d’un couple d’extrémistes religieux qui s’apprêtait à partir pour le jihad en Libye. (R4)
21 mai: arrestation d’un habitant de Ben Guerdane, connu pour des délits de droit commun qui cachait à son domicile des pistolets et des uniformes militaires libyens.
Analyse de situation :
Contexte régional :
En Irak, les forces irakiennes avancent dans Mossoul et ont annoncé la mort du responsable sécuritaire de Daech, le Tunisien Abou Hafs Attounissi. l’EI connaitrait aujourd’hui beaucoup de problèmes internes et de conflits, en particulier entre les membres irakiens et les étrangers.
En Syrie, selon le services américains, Daech rassemblerait tous ses experts en armes chimiques pour créer une nouvelle cellule implantée dans la zone contrôlée par l’EI en Syrie, dans la vallée de l’Euphrate, entre Mayadin et Al-Qaim, près de la frontière irakienne. C’est également dans cette région, considérée de facto comme la capitale de Daech, depuis que Raqqa est sous pression, que pourrait se cacher Al Baghdadi. Les services de renseignement semblent penser que l’EI cherche à se renforcer dans le domaine des armes chimiques, afin de préserver les dernières régions sous contrôle.
En Libye: une citoyenne tunisienne a lancé un appel pour que soient libérés 2 de ses proches, vendeurs de smartphones, qui seraient emprisonnés à Benghazi pour avoir pénétré par erreur dans la zone interdite.
Les autorités libyennes ont limogé le Directeur du poste frontalier de Ras Jedir qui était en poste depuis la chute de Khadafi et s’était construit une réputation de dureté face aux Tunisiens. Il est remplacé par le colonel Salem Mohamed Al-Kaak.
141 personnes, pour la plupart des soldats de l’ANL du maréchal Haftar sont décédés après l’attaque de la base aérienne de Brak al-Shati, dans le sud libyen, qui aurait été menée par les hommes des milices de Misrata, loyaux au GNA. Des civils figureraient également parmi les victimes. Cette attaque est survenue alors que la rencontre entre les 2 dirigeants rivaux avait permis de décider d’une trêve dans le sud du pays. Le GNA a mis en place une commission d’enquête et décidé de suspendre le Ministre de la Défense et le commandant de la Troisième Force, incriminée, en attendant que les responsables de l’attaque ne soient identifiés.
Force est de constater que la situation était de toute façon à l’arrêt comme l’ont montré les affrontements de Tripoli. Les groupes armés de Misrata, Fajr Libya, menaçaient de lancer Fajr Libya II pour récupérer la capitale et empêcher la reconnaissance du maréchal Haftar comme chef des forces armées libyennes. Arrive donc ce qui était à craindre, le GNA est de plus en plus menacé par ses propres milices. Fayez al-Sarraj n’a pas pu se rendre à la seconde rencontre prévue au Caire, menacé par les islamistes d’être chassé de Tripoli en cas de nouvelle réunion.
De plus, un nouveau groupe armé relevant du gouvernement du Salut, avait annoncé le lancement d’une nouvelle opération militaire baptisée « Fakhr Libya », afin de reprendre le pouvoir à Tripoli.
Enfin, il semble que les groupes islamistes armés en Libye, soient particulièrement visés par les Américains. La Tunisie aurait reçu une liste de 80 dirigeants anciens et actuels d’Al Qaïda dont les comptes en banque doivent être mis sous surveillance.
En Tunisie.
La situation sécuritaire en Tunisie est assez bien résumée par la prolongation de l’Etat d’urgence.
Au niveau des frontières extérieures, la situation préoccupante de la Libye reste une menace importante pour la Tunisie et fragilise la sécurité de toute la région, augmentant le risque de la menace terroriste.
Le pays a fait d’énormes progrès pour contrôler le terrorisme mais la menace persiste malgré tout.
La question du retour des jihadistes en Tunisie revient ainsi dans le débat cette semaine à travers la question de la radicalisation en prison, dénoncée par le syndicat des prisons. Les terroristes rentrés au pays et qui sont incarcérés, posent un réel problème quand ils se retrouvent en cellule avec des détenus de droit commun. Dans des cellules de 50 ou 80 personnes, il y a souvent 3 à 5 détenus ayant combattu dans des zones de conflit, qui s’attaquent aux prisonniers les plus fragiles. Il existerait également des organisations islamistes, qui, sous couvert de défense des droits de l’Homme, se rapprochent des prisonniers et interviennent pour leur obtenir des dérogations comme l’obtention de livres interdits par la Direction et susceptibles de servir à l’endoctrinement.
Le gouvernement a certes, annoncé la création de prisons réservées aux jihadistes, mais leur construction prendra des années et le problème actuel, qui voit des détenus de droit communs ressortir radicalisés est une urgence. D’autant que certains services de renseignement auraient fait état de projets de groupes terroristes, visant à mener des actions de déstabilisation dans les prisons.
Nous apprenons également cette semaine que l’émir d’AQMI, Abdelmalek Droukdel a annoncé la nomination de Mourad Chaïeb comme nouvel émir de la Qatiba Okba Ibn Nafaa. Il est le frère de l’ancien émir Lokmane Abou Sakr, qui avait été tué par la Garde Nationale au cours d’une embuscade près de Gafsa. Chaïeb avait été donné pour mort il y a deux ans, mais il d’agit d’une tactique régulièrement utilisée pour masquer les mouvements et se faire oublier. Il semble qu’il ait été à Derna en Libye.
Enfin, c’est aussi la situation économique et sociale qui influe sur la situation sécuritaire. La situation s’est considérablement tendue dans les gouvernorats de Tataouine et Kébili, obligeant l’armée à sortir de sa réserve, tentant une intimidation qui n’a pas fonctionné et trouvant une solution négociée. Cette armée depuis la lutte contre le terrorisme bénéficie d’un crédit auprès de la population mais malgré sa mesure et ses règles d’engagement strictes, les risques de dérapage existent. De plus, ce serait également dommageable si, coincée dans un rôle improbable, elle apparaissait comme inutilement compromise et inefficace. Dans le contexte que nous connaissons, le gouvernement et l’armée doivent réussir le difficile compromis de maintenir la paix sociale et la sécurité sans paraître faibles pour autant, afin de ne pas créer la tentation de s’engouffrer dans une brèche chez ceux qui aimeraient voir le pays déstabilisé.
Les zones à risques :
Sont déconseillés, la région de Ben Guerdène ainsi que les zones montagneuses des Gouvernorats de Kasserine et du Kef, de Jendouba ainsi que le corridor routier reliant les villes de Kasserine et de Sidi Bouzid en passant par Sbeitla.
- Il est également recommandé d'être très vigilent à Zarsis et Djerba, et d'éviter les zones du Grand Sud Nefta, Douz, Medenine. Ainsi que les régions du gouvernorat de Tatouine, du sud de Dehiba et d'el Borma. Tout voyage dans une zone désertique doit se faire avec une agence de tourisme officielle. Le risque d'enlèvement est particulièrement élevé dans ces régions.
- Eviter les zones rurales comprises entre Kairouan, Kasserine et Siliana. Et de manière générale les zones proches des frontières avec l'Algérie et la Libye, dans un rayon d'au moins 30km.
- Suivre les recommandations qui, en raison des risques de mouvements sociaux spontanés, conseillent de privilégier l'avion pour rejoindre les zones touristiques du sud-ouest.
- Dans la capitale, rappelons qu'il est recommandé de se tenir à l'écart des rassemblements, des axes empruntés par les manifestations et surtout des bâtiments sensibles et en particulier sécuritaires.
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