Après avoir ouvert cette série sur la berce du Caucase, je vais vous présenter une autre plante problématique qui nous vient cette fois-ci d'Asie : la renouée du Japon (Fallopia Japonica de son petit nom).

Source: wikimedia, auteur : Pixeltoo

Elle déferle et colonise tous les milieux humides le long des rivières, des fossés, en bord de mer et ailleurs. Elle s'établit à telle vitesse qu'elle est désormais classée parmi les plus importantes menaces végétales.

D'où vient-elle ?

Comme son nom l'indique, la renouée du Japon nous arrive tout droit d'Asie en particulier de Corée, de Chine et du Japon.

Elle ne pose pas de problèmes particuliers dans ses régions natives.

Elle est même considérée comme étant une plante utile puisqu'elle est utilisée dans la médecine asiatique traditionnelle.
Le portrait n'est pas si négatif ?!? Nous creuserons le sujet plus loin.

Source : Pixabay, auteur : WikimediaIamges

Comment est-elle arrivée jusque dans nos contrées ?

Comme souvent la main de l'homme y est pour beaucoup et ce n'est que des années après que l'on se rend compte de l'erreur originelle.

On considère que la renouée du Japon a été introduite en Europe en 3 phases:

1. Dès le Moyen Age, sa présence est signalée et fut rapportée d'Asie par la route de la Soie pour ses qualités fourragères.

2. En 1825, elle sera réintroduite par un médecin néerlandais de la Compagnie des Indes en poste au Japon : en tant que plante fourragère et ornementale. C'est à cette même époque que notre belle indésirable recevra des prix pour sa beauté. Les temps changent !

3. Lors de la 1ère guerre mondiale, des cavaliers britanniques en plantèrent afin qu'elle serve à nourrir les chevaux.

Vendues ensuite comme plante d'ornements décorative, elle a facilement colonisé un large territoire.

Voici la carte des zones contaminées, je place un lien car la photo est sou licence :

Cliquez sur le lien

Source : Wikimedia, auteur : Lamiot

Pourquoi pose-t-elle un problème environnemental ?

Commençons par en faire une petite description scientifique pour mieux comprendre.

La renouée du Japon est une plante vivace : c'est à dire que sa partie aérienne meurt à l'automne mais pas sa partie enterrée. De ce fait, elle repousse chaque année depuis sa base.

Le spécimen dont on parle produit des tiges pouvant atteindre 3 m en à peine 2 mois et 4 m de haut si l'on rajoute le feuillage dense.

Sa croissance est donc fulgurante.

Source : wikimedia, auteur :selbst fotografiert, Michael Gasperl

La renouée est une plante à rhizome: ce dernier peut atteindre 7 m. de long et s'enfouir à 2 m de profondeur.
L'arrachage ne résout pas le problème et la déterrer relève, par conséquent, de
l'exploit. En outre, un fragment de rhizome ou de tige suffit à reproduire un clone de la plante mère.

C'est d'ailleurs son principal moyen de propagation puisque sa fructification est peu nombreuse.
Les fragments de rhizomes peuvent rester en latence pendant une décennie pour se développer ensuite.

Source : wikimedia, auteur : Klarerwiki

Ici, les jeunes tiges passent à travers le goudron de la route. Impressionnant, non ?

Source :Wikimedia, auteur : Lamiot

La densité de son feuillage capte l'ensemble de la lumière et interdit à toute autre plante de se développer.

De plus, le réseau racinaire a la capacité de diffuser dans le sol des composés phénoliques qui empêchent le développement de plantes concurrentes lui assurant la disponibilité de tous les composés nutritifs présents dans la terre.**

On comprend la menace sur l'écosystème endémique qu'il soit végétal ou animal.

Comment la contenir ?

Plusieurs solutions sont possibles :

1. L'arrachage :

Source : Wikimedia, auteur : Classiccardinal

Cette méthode est radicale et nécessite des moyens lourds au vu de l'adversaire à combattre.
Les sols peuvent être également durablement dégradé et l'impact sur l'écosystème important.

De plus, rien ne garantit qu'un morceau de rhizome ou de tige ne s'échappera pas pour développer une nouvelle colonie.

2. La lutte biologique:

Voici la solution astucieuse que j'ai pu photographié cette été sur St Gildas de Rhuys vers Port Maria.

Source : photo personnelle

L'idée, ici, est de contenir le développement de la colonie sur le long terme.
Excellente plante fourragère, les chèvres s'en régalent. Elles sont donc déplacées de parcelles dès lors que toutes les tiges sont consommées.
Astucieux et écologique !

Conclusion:

Importée pour ses qualités fourragères et sa beauté, la renouée du Japon s'est largement diffusée en Europe mais aussi en Amérique du Nord.
N'ayant pas de prédateurs naturels et s'étant parfaitement acclimatée à nos contrées, elle apparaît comme une menace grave dans nos zones humides bords de rivières, lacs au point de mettre en péril l'équilibre des écosystèmes locaux.
Passée la prise de conscience, la lutte s'intensifie mais la partie n'est pas gagnée pour autant car la robustesse de l'adversaire offre peu de solutions efficaces.

Si vous souhaitez en savoir plus, n'hésitez pas à consulter mes sources qui vous apporteront des informations intéressantes sur la biologies de cette plante par ailleurs remplies de qualités reconnues en Asie.

Pour ceux qui ne l'auraient pas lu, le 1er de la série sur la berce du Caucase:
La berce du Caucase: qui s'y frotte, s'y brûle !

Sources:

1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Renou%C3%A9e_du_Japon

2. http://biologie.ens-lyon.fr/ressources/Biodiversite/Documents/la-plante-du-mois/la-renouee-du-japon-a-la-conquete-du-monde

3. https://www.rustica.fr/tv/eliminer-renouee-japon,11654.html

4. http://espacepourlavie.ca/renouee-du-japon-veritable-peste-vegetale

5. https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/le-15-18/segments/reportage/75226/plante-envahissante-renouee-japon

6. http://www.nord-nature.org/fiches/fiche_s6.htm

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