A la poursuite de l'aventure 4

in #fr6 years ago


La piste en direction de Timiaouine était parfois monotone. Aux heures chaudes les couleurs, écrasées par la lumière intense perdaient de leurs éclats. Dans notre Mercédès noire nous souffrions de la chaleur, chaque jour d’avantage. Nous sentions que nous devions avancer pour garder notre motivation, nous étions en Algérie depuis trop longtemps, il nous fallait du nouveau. Le nouveau se serait d’entrer au Mali où nous pensions pouvoir vendre notre véhicule à un prix suffisant pour couvrir les frais du voyage. L’aventure, qui s’enlisait jour après jour dans les sables Sahariens, avait commencée deux ans plus tôt et nous avait consommée énormément d’énergie (Cf 3 articles précédents).

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Cap au sud

Les jours se ressemblaient, le matin réveil avant la pointe du jour pour profiter au mieux des tempêratures plus clémentes entre 6h á 11h. Lorsque la vision ne renvoyait plus les bonnes informations par excès de lumière, alors que le temps des mirages était venu, nous faisions une longue pause. Nous tirions une bâche, récupérée sur la route, entre la voiture et ce que nous pouvions, généralement les plaques à sables plantées verticalement dans le sol. Notre espace vital se réduisait alors aux deux ou trois mètres carrés de cette zone d’ombre pour les 6 ou 7 heures à venir. Le soir la lutte pour avancer reprenait jusqu’à la nuit oú la lueur des étoiles remplaçant le feu du soleil, nous offrait un peu de répit.

Une bonne journée, nous pouvions parcourir quelques dizaines de kilomètres, souvent il fallait se contenter de quelques kilomètres. Les longs passages de sable étaient redoutables pour notre voiture non adaptée. Nous devions prendre un maximum de vitesse et nous lancer à fond dans le sable mou. Si le passage était trop long ou le sable trop mou, nous restions plantés, et nous devions gagner mètre par mètre jusqu’à la prochaine zone dure. Sortir les plaques à sables, creuser le sable pour dégager le pond, placer les plaques, avancer de la longueur des plaques et recommencer. Nous comprenions maintenant pourquoi les plaques à sables en aluminium proposées par les vendeurs spécialisés étaient si chères, le poids de nos plaques acier était épuisant à manipuler.

Il fallait surveiller la température du moteur, rajouter éventuellement de l’eau, parfois de l’huile. D’autres fois simplement s’arrêter pour laisser refroidir. Un autre problème venait des pneus. Pour avoir une chance de passer dans le sable mou, nous devions les dégonfler fortement ce qui entrainait des risques de déganter. Lorsque nous arrivions sur des pierres, pour ne pas les abimer, il fallait les regonfler, tout cela, ça ne surprendra personne, avec une pompe à manuelle. Il pouvait arriver de faire cette opération plus de 10 fois par jour.

Nous buvions la même eau que nous utilisions pour refroidir le moteur, une eau récupérée au hasard des opportunités et stockée dans des bidons en plastique. Nous avions même expérimenté une façon de faire le thé sans chauffer l’eau, simplement en la laissant une heure ou deux dans un bidon de plastique noir à la fureur du soleil. Evidement cela a fini par nous jouer quelques tours et les étapes s’entrecoupaient de nouvelles pauses, urgentes et indispensables, pour la plus grande distraction de celui qui n’était pas concerné … pour cette fois. Les provisions diminuaient mais cela n’était pas un sujet d’inquiétude, avec quelques dattes et vieilles provisions nous survivions parfaitement.

L’orientation était un autre de nos problèmes. Il n’y avait pas de Gps à cette époque et notre boussole sans carte précise n’était pas d’une grande utilité. Nous ne disposions d’une carte routière qui couvrait toute l’Afrique du nord et de l’ouest, de l’Algérie au nord à la Côte d’Ivoire au sud, du Sénégal à l’ouest au Tchad à l’est. Parfois la piste était facile à suivre, agrémentée de pneus abandonnés transformés en repaire tels les petits tas de cailloux marquant les chemins de montagne. Au début c’est assez déroutant car il n’y a pas une piste mais un enchevêtrement de pistes se croisant inlassablement. Chaque voyageur, selon les difficultés du moment, passait d’un côté ou de l’autre créant de nouvelles voies. Une fois acquis ce principe on est plus serein et à l’image du marcheur d’Antonio Machado nous avions fait notre devise, il n’y a pas de piste, nous faisons notre piste en avançant.

Oú l'on perd le sud

Une première expérience fût formatrice. La vision d’une belle dune de sable nous arrêta dans l’otique de faire une belle photo. Alors que la place était infinie et que je n’avais qu’à stopper la voiture, je me garais bêtement comme je l’aurais fait dans un parking, en épis. Nous partîmes vers la dune, pour notre pause photographique. Discutant tranquillement du sens de la vie et de notre voyage nous revinrent un long moment plus tard. Pascal prenant le volant démarra tout droit, puisqu’il aurait était logique que je laisse la voiture dans notre direction. Par chance c’était l’étape du soir et une heure plus tard nous remarquions que le soleil ne baissait pas du même côté que d’habitude. Une étape perdue, un peu de stress mais tout est rentré dans l’ordre et nous avions compris la leçon.

Une autre fois fût moins amusante si l’on peut le dire ainsi. C’était un peu avant l’étape du soir, Pascal sommeillait sous la bâche en attendant l’heure. L’envie m’a prise de faire un petit tour à pieds, passer toutes ces heures sous la bâche était souvent un exercice de patience difficile. Confiant dans les traces que mes pas laissaient dans le sable je ne fis guère attention à ne pas trop m’éloigner. Tout à coup un vent violent s’est levé, effaçant mes traces sous mes yeux. Je courais dans le sable tourbillonnant essayant de suivre les dernières marques le plus longtemps possible. Vains efforts une quart d’heure plus tard, quand le vent s’est arrêté je ne savais plus du tout ou j’étais ni oú aller. Me forçant au calme comme devait le faire Pascal qui devait commencer à s’inquiéter, j’attendis sans m’éloigner davantage. J’entendis un peu plus tard des coups de klaxons qui paraissaient lointains. Etrangement je n’arrivais pas à en déterminer la direction. Ce n’est qu’à la nuit que la lueur des phares et des lampes me ramenèrent à la voiture. Leçon gratuite à ne pas oublier.

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C’est ainsi, kilomètre après kilomètres, leçon après leçon que nous arrivâmes au village faisant frontière avec le Mali. Fatigués mais heureux d’attaquer une nouvelle phase. Le temps avait passé bien plus vite que dans nos prévisions les plus pessimistes et certains en France devaient commencer à s’inquiéter du manque de nouvelles. Il allait falloir revoir notre objectif, l’ambition de descendre en Afrique de l’ouest devenait démesurée et il faudrait penser à vendre au Sahel. Moins bonne affaire probablement mais ce n’était pas notre principale préoccupation.


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Toujours aussi captivant tes récits :) Merci

Merci encore.

A quand le récit commun de nos aventures nautiques Tunisiennes passées @marc-allaria ? Pour les nouvelles plus beaucoup à attendre !

J'y pensais aujourd'hui, c'est rigolo ! Faut organiser ça !!

On fera ça sur le terrain ça nous donnera l'inspiration