Binance Blockchain Week : La place du bitcoin dans les pays émergents
Avons-nous encore besoin de vous présenter Binance ? L’exchange a organisé, du 1er au 5 février dernier, la Binance Blockchain Week, un événement en ligne auquel plusieurs pointures de l’écosystème crypto ont participé. Au quatrième jour, soit le 04 février, le thème abordé fut Exploring the potential of emerging markets. Répondant aux questions de Christine Lee (Coindesk), les intervenants du jour ont partagé leurs idées du rôle des cryptomonnaies dans les pays émergents.
Parmi eux Yele Bademosi, fondateur et PDG de Bundle Africa. Ce dernier a fait ses premiers pas dans la crypto en investissant dans Buycoins. Il a ensuite rejoint Binance Labs avant de fonder Bundle Africa, un site permettant d’acheter du bitcoin au Nigéria. Sa jeune entreprise a enregistré un volume d’échange de 140 millions USD en 2020.
Bitcoin au secours de la liberté d’expression
Yele Bademosi n’est pas connu seulement pour sa plateforme à succès. Il a été au centre de la mobilisation des fonds pour soutenir les manifestations contre les SARS, une unité de police Nigériane accusée de harcèlement des jeunes et de corruption. M.Bademosi a été personnellement témoin des tracasseries causées par les SARS.
« En octobre 2019, j’ai été enlevé par le SARS. J’étais à moins de deux minutes de chez moi. Ils ont refusé d’écouter ce que je disais et m’ont emmenée de Lekki à Ajah puis jusqu’à Ikoyi, tout en s’arrêtant et en harcelant d’autres jeunes adultes » ,déclare-t-il dans un tweet.
Dans un article de Nairametrics, il explique que les officiers du SARS l’ont obligé à vider ses comptes bancaires pour le relâcher.
Les éléments du SARS auraient tué un jeune garçon au sud du Nigéria, ce qui a déclenché les protestations partout dans le pays, utilisant le tag #ENDSARS. La mobilisation des jeunes arrivait à son top quand les comptes bancaires des ténors du mouvement ont été bloqués pour empêcher tout soutien financier. C’est alors que Yele Bademosi a placé bitcoin au centre du jeu.
Tu as créé des wallets pour collecter les fonds destinés à l’organisation de manifestations contre les SARS. Peux-tu nous en dire plus ?
Yele Bademosi : Le quatrième trimestre de l’année dernière a probablement été l’une des périodes les plus folles dont je me souvienne. Il y avait des protestations permanentes. Les unités du SARS harcelaient les jeunes, surtout quand ils pensaient pouvoir obtenir d’eux de l’argent. Pendant les protestations, il y a eu des problèmes de coordination de la collecte de fonds en Naira. Nous avons créé des wallets bitcoin et ethereum qui ont été utilisés pour collecter les fonds afin de maintenir les protestations. C’est comme si c’était la première fois que l’on voyait bitcoin être utilisé de manière non spéculative. Ce qui s’est passé au Nigéria fait désormais partie des principaux thèmes abordés en 2020 dans la plupart des pays Africains au sujet des cryptomonnaies.
Quelle est la situation actuelle en ce qui concerne le SARS ?
Yele Bademosi : Nous sommes dans une impasse pour l’instant. Cependant, nous avons obtenu certains résultats. Nous avions une liste de cinq revendications pour le gouvernement. Ils ont pu en satisfaire quelques-unes, mais on ne peut pas vraiment dire que les protestations ont été un succès. Mais, je pense que nous avons montré à beaucoup de jeunes Nigérians que bitcoin est une alternative au système financier et qu’il peut avoir une réelle utilité.
« Bitcoin est surtout un moyen d’échange alternatif »
D’après Yele Bademosi, si bitcoin a servi pour lutter contre la censure entretenue par les banques, il joue également un rôle capital non seulement dans les transferts d’argent mais aussi comme actif de couverture contre l’inflation.
« Il existe deux taux de change différents [au Nigeria] : un taux essentiellement utilisé par les banques et celui du marché parallèle. Cela arrive en raison du manque de liquidités en devises étrangères, surtout le dollar américain. Bitcoin est essentiellement un moyen d’échange alternatif. Il est très intéressant de voir que de nombreuses personnes, pas seulement des particuliers, mais aussi des institutions locales et les banques, se demandent ce qu’elles peuvent faire avec la cryptomonnaie. Je pense sincèrement que dans les deux ou trois prochaines années, nous allons avoir autant de transferts de fonds en cryptomonnaies qu’aux États-Unis. »
N’est-il pas dangereux d’avoir une finance ouverte et non bancarisée ?
Yele Bademosi : Je pense que, comme pour toutes les nouveautés, il y aura toujours des inconvénients. Les acteurs malveillants utilisent les cryptomonnaies. Mais, ce que je pense est que, pour la grande majorité, cette technologie est utilisée à bon escient et ne peut qu’avoir un impact positif dans le monde. Le fait qu’elle soit utilisée pour des choses moins importantes et qu’il y a des effets négatifs ne signifie pas qu’elle ne devrait pas exister. Il faut donc espérer que le positif soit beaucoup plus important.
Le mot de la fin ?
Yele Bademosi : La véritable utilité de certaines innovations et idées dont nous entendons parler sur les cryptos va se produire sur le continent Africain. Je suis donc très enthousiaste à l’idée de lever des capitaux et les fournir aux personnes et aux entreprises qui en ont besoin. Nous avons un tas d’idées que nous aimerions expérimenter dans les deux années à venir. L’Afrique est le meilleur endroit pour les actifs numériques en raison du manque d’infrastructures financières. Les gens n’ont pas d’ordinateurs portables mais plutôt des smartphones et une connexion internet en mouvement. J’espère que la crypto sera une solution pour les personnes qui ont un accès limité aux services financiers.