Qu'est-ce que le Libertarianisme?
Qu'est ce que le Libertarianisme? C'est l'héritage des œuvres, des actions, des rêves de tous ceux qui ont aspiré à la Liberté, en tous temps et en tous lieux. La liste est longue : les Niveleurs, Lysander Spooner, Thoreau, Bastiat, Molinari en passant par la Boétie, Mises, Rothbard, Hölderlin, Stirner, Omar Khayyam, Leopardi, Héraclite, Lao-Tseu, Tchouang-Tseu et tant d'autres, connus ou inconnus qui ont sacrifié leur temps et leur énergie, parfois même leur sang, pour la liberté. Cet héritage n'appartient à aucun peuple ni à aucun individu, à aucune œuvre, à aucun penseur, ni même à l'humanité. Il appartient à celui qui sait le prendre. Bien peu nombreux sont ceux qui savent le saisir. On ne peut pas forcer quelqu'un à être libre, mais s'il ne veut pas l'être, qu'il laisse au moins les autres en paix. Le Libertarianisme est simplement un mot qu'on a apposé à la volonté des individus de se libérer des autorités illégitimes, de reconquérir leur pouvoir sur eux-mêmes, de se libérer du lit de Procuste de ceux qui veulent, par la force, allonger ou couper les membres de ceux qui sortent du cadre qu'on leur a imposé. Murray Rothbard a cristallisé ces aspirations autour d'un dénominateur commun, le principe de non-agression : toute agression exercée contre un individu ou sa propriété est immorale. Il a alors redécouvert par cette voie ce que les Anciens avait déjà compris : l’État est la forme institutionnalisée, systématique de l'agression et de la violence, bien qu'elle s'auto-proclame légitime. Comment l'humanité a-t-elle pu passer à côté de cet axiome, de ce principe si évident et accepté par tous (au moins en théorie) depuis si longtemps? Je ne sais pas. Ce mystère est identique à celui des principes logiques qui sont ancrés dans l'esprit humain mais qui ont pris tant de temps à être formulés dans un langage clair.
Un mystère encore plus grand est celui qui loge dans la cervelle de nos frères humains. Pourquoi s'obstinent-t-ils à opprimer, de façon légale ou non, des individus paisibles dont le seul souhait est de créer et d'échanger? Je peux comprendre qu'il existe des voleurs, des racketteurs et des meurtriers, et que pour ceux-ci, le châtiment aux yeux rouges et l'opprobre publique sont hautement mérités. Mais quand il s'agit de personnages prétendant incarner la justice sur terre, de ceux qui prétendent être les plus respectables et qui rougiraient de colère si on les accusaient de tels crimes, de votre voisin avec son sourire innocent, innocent jusqu'à la niaiserie, quand ce sont de telles gens, disais-je, qui vous tiennent enchaîné à leur volonté commune (si un pareil oxymore a un sens!), qui vous menacent d'exil, de la saisie de vos biens ou d'emprisonnement à la moindre objection contre leurs comportements iniques, il y a de quoi se frapper la tête contre les murs. Ils s'irritent avec la même hystérie qu'un membre d'une secte auquel on annoncerait son désir de la quitter. Ils ont tout simplement horreur qu'on leur dise non, qu'on ne se prosterne pas devant leur idole : l’État. Voilà comment ils nous oppriment, voilà leur intermédiaire.
Dans leur tête, sur un territoire donné, tous les êtres humains sont connectés par une espèce de fil, ou plutôt une chaîne, invisible qu'ils appellent Contrat Social dont l’État est le garant. Malheur à qui ne voit pas ce fil invisible! Envoyons-lui la police afin qu'il apprenne à mieux voir. Combien de penseurs sont tombés dans ce panneau ou se sont même faits les laquais de cette idéal! Soit dit en passant, cette notion est pleine de contradictions. Par exemple, cet étrange fil invisible disparaît quand on franchit une ligne imaginaire qu'on appelle frontière. Car figurez-vous que vous avez beau être de proches voisins mais séparés par une frontière, vous n'êtes pas liés par le Contrat Social; alors que si vous habitez tous deux séparés de milliers de kilomètres mais que vous avez le malheur de vous situer dans la même zone géographique délimitée par la frontière de l’État, on vous prend par le col et l'on vous somme de partager vos revenus et d'obéir aux règles juridiques en vigueur sur cette infime portion du globe. Le Libertarianisme se propose en particulier de renverser cet idéal.
(À suivre)
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